En particulier, les types B et C entraînent souvent des maladies chroniques chez des centaines de millions de personnes et, ensemble, sont la cause la plus fréquente de cirrhose du foie, de cancer et de décès liés à l’hépatite virale. »

Cet écrit est consacré essentiellement à l’hépatite C car, contrairement aux hépatites A ou B, il n’existe pas de vaccin, mais seulement un traitement curatif. De ce fait, la prise en charge en termes de prévention / éducation est différente.

Depuis 1988, le virus HCV est une maladie à déclaration obligatoire (par les médecins) en Suisse.

 

Les différents modes de transmission et évolution

Les voies d’infection les plus fréquentes du HCV sont :
– utilisation de matériel contaminé lors de consommation de drogues par injection / voie nasale / inhalation si plaies des lèvres
– contact sexuel avec une personne porteuse du virus chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (plus contagieux encore si cette dernière est également séropositive / VIH). Transmission rare chez les couples hétérosexuels.
– transfusion avant 1992 en Suisse / transmission foeto- maternelle (4-8%).

Ci-dessous un schéma récapitulant les cas d’hépatite C aiguë et non aiguë, par voie d’infection présumée, en Suisse, de 2015 à 2018. D’autres chiffres plus récents peuvent être trouvés, mais sans schéma mettant en évidence le mode de contamination.

 

Environ 30 % des personnes infectées ont une guérison spontanée dans les 6 mois qui suivent l’infection sans recevoir aucun traitement (OMS) ; les autres développeront une forme chronique avec risque de survenue de cirrhose du foie et de cancer notamment ainsi que de transmission à d’autres personnes.

Voici un schéma représentant l’évolution du foie infecté par le VHC :

 

Principes / Objectifs des soins dans cette population

Un des objectifs premiers des soins proposés aux personnes consommatrices de drogues porteuses du VHC ou à risque de l’être est la réduction des risques et des dommages, via notamment l’éducation sur les modes de transmission et les moyens de prévention (non-échange de matériel, etc.).

Malgré cela, certains patients ignorent encore – plus ou moins consciemment – les risques associés à leur usage de substances ainsi que les conséquences d’une hépatite chronique ; ne « pouvant/voulant » pas comprendre les risques liés à cette maladie.

Puis idéalement, les objectifs des soins évoluent vers l’acceptation d’un traitement curatif de l’hépatite C via des explications répétées des bénéfices / risques attendus.

 

Evolution des traitements de l’hépatite C / image de la population

Le premier traitement à base d’Interféron est arrivé sur le marché dans les années nonante. Ce type de traitement était lourd avec énormément d’effets indésirables. La population consommatrice de drogues était très souvent marginalisée et n’avait que peu accès au traitement.

La mission originelle de la Fondation Phénix, depuis sa création en 1986, était de s’occuper de cette population marginalisée en accompagnant toute personne sans distinction dans un projet concerté de soins individualisés.

Toutefois, l’efficacité aléatoire, les effets indésirables fréquents et sévères et la durée longue du traitement (plusieurs mois) rendaient l’acceptation du traitement par ces patients très rare.

A partir des années 2000, des nouveaux traitements beaucoup plus efficaces (de l’ordre de 95% de chances de guérison) et beaucoup mieux tolérés firent leur apparition.

Toutefois, jusque récemment, leur accessibilité était limitée du fait des indications autorisées restreintes.

Depuis 2017, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a décidé d’élargir le remboursement des nouveaux médicaments sans restriction à toutes personnes porteuses d’une hépatite C chronique. Puis en janvier 2022, l’OFSP a autorisé tout médecin pratiquant en Suisse à prescrire un traitement contre l’Hépatite C ; ce qui a eu comme corollaire de facilité l’accès à ces traitements aux personnes consommatrices de drogues marginalisées.

Ci-dessous un schéma des étapes clés de la recherche sur le virus de l’hépatite C afin de mieux comprendre l’évolution de la prise en charge.

 


Revue médicale suisse

Reste que bien que très bien tolérés, ces traitements nécessitent une observance quotidienne pendant au moins 8 à 12 semaines en fonction des protocoles pour être efficaces ; ce qui peut toujours malheureusement s’avérer compliqué en pratique pour certains patients du fait de leurs difficultés globales à investir de manière continue des soins dans la durée.

 

Prise en charge à la Fondation Phénix, Centre Phénix Plainpalais

En 2021 / début 2022, 4 patients suivis au Centre Phénix Plainpalais ont bénéficié avec succès d’un traitement anti HCV, et 2 patients en attente d’un dosage de la virémie. Ces personnes ont été infectées par le virus à la suite d’un comportement à risque, sauf une dont les causes sont peu claires (transfusion ancienne ?). Ces patients étaient positifs depuis plus de 10 ans.

Une des premières étapes, afin de les inciter à être traités, a été l’éducation aux tenants et aboutissants d’un tel traitement et les risques en cas de non-traitement, en insistant sur la nécessité d’une observance complète au protocole et les risques de recontamination après traitement si des stratégies de réduction des risques n’étaient pas mises en œuvre.

Ce travail préparatoire a pu s’avérer prendre plusieurs mois voire des années chez certains patients. Dans l’intervalle, il a fallu travailler l’acceptation par le patient de la réalisation des différents examens complémentaires nécessaires au choix du protocole ; ce qui a pu également s’avérer compliqué étant donné leurs difficultés à honorer certains soins programmés.

Une fois accepté par le patient, l’objectif a été de les inciter et les aider à être observants complètement au protocole et éviter toute rupture de traitement pour le VHC.

Dans cette optique, différentes stratégies ont pu être discutées et mises en place en accord avec les patients concernés, comme par exemple une intensification de la fréquence de remise des traitements au centre ou au contraire une dispensation fragmentée dans une pharmacie la plus proche du domicile du patient, ou encore une intensification des entretiens infirmiers en présentiel ou par téléphone.

Ces six patients en 2021/2022 ont tous réussi à ne pas interrompre leur traitement contre le VHC et finalement pu guérir de leur infection. A noter qu’entre 2015 et 2019, 19 patients du Centre Phénix Plainpalais ont été traités avec succès pour leur hépatite C.

 

Conclusion

Le lien de confiance soignant / soigné est un facteur majeur dans les prises en charge, d’autant plus avec cette population pour laquelle, malgré l’envie et la motivation, les risques de rupture dans les soins sont grands et chez laquelle, même le fait de venir prendre régulièrement son traitement de substitution aux opiacés au centre peut devenir parfois trop difficile.

Le fait que ces patients porteurs du VHC aient pu suivre le traitement sur 8 ou 12 semaines est valorisant et prouve, malgré toutes leurs difficultés à être parfois observants aux rendez-vous, leur engagement dans les soins.

 

 

 

 

 

 

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