Ma position en tant qu’infirmière en soins somatiques, et maintenant imprégnée de mon expérience avec les pathologies psychiques et addictologiques, me permet d’offrir aux patients un espace d’ouverture au sein duquel une problématique en appelle une autre. Via une prise de sang, un électrocardiogramme, une perfusion ou un pansement, je rencontre de nombreux patients qui s’ouvrent sur leur souffrance d’être atteints dans leur intégrité, honteux de leur addiction, stigmatisés dans leur ressenti par la maladie psychique.

La salle de soins est donc un lieu de transition, un interstice au sein duquel chacun peut y trouver sa place, être « simplement » un patient lambda avec ses souffrances et ses plaintes. C’est un espace d’accueil et d’écoute, malléable pour se développer, selon les situations, vers plus de somatique, d’exploration de l’addiction, des aspects psychologiques ou encore sociaux. Le soin prodigué sur le plan somatique dans le cadre d’un mandat très concret (suivi sanguin, éducation à l’hygiène alimentaire, soins de plaies….), est en effet un point de départ qui a l’avantage de concerner tout un chacun et ainsi se situer hors champ des préjugés ou stigmates. La spécificité de ce soin est une certaine proximité avec le patient qui, bien souvent, favorise certains échanges qui n’ont pas lieu dans d’autres settings. Ces soins que j’aime prodiguer me permettent donc de participer à une prise en charge thérapeutique d’équipe beaucoup plus globale et complète.

C’est ainsi que le suivi infirmier à toute sa place dans la collaboration interdisciplinaire qui existe à la Fondation Phénix. Ma collaboration étroite avec mes collègues va me permettre d’être, en sus du travail strict de prévention, de dépistage et de suivi infirmier au sens large des patients, un vecteur vers un suivi plus complet. Celui-ci aura pour but final de tenir compte des aspects somatiques, addictologiques, psychiatriques et sociaux de la vie des patients et ainsi minimiser l’impact des diverses comorbidités sur la qualité de vie.