Ceci a nécessité de travailler en collaboration, d’informer et parfois de rassurer le personnel soignant concernant cette situation inédite. Pour le moment, l’intégration de notre patient se passe sans problème majeur via plusieurs visites sur place de notre part et le maintien de la prescription et la gestion du traitement agoniste par l’équipe soignante du Centre Phénix Chêne.

 

Cet exemple met en évidence une situation à laquelle nous serons sans doute de plus en plus confrontés : l’avancement en âge des personnes consommatrices de substances et l’accumulation de comorbidités physiques et/ou psychiques entraînant une perte d’autonomie, notamment concernant la possibilité de vivre seul au domicile.

 

En effet, le travail admirable mis en place par nos prédécesseurs en termes d’offre de soins à bas seuil, de réduction des risques, d’introduction et suivi de traitement par agoniste opioïde, ainsi que de l’amélioration (efficacité, tolérance et accessibilité) des traitements contre le VIH ou l’hépatite C ont permis aux personnes utilisatrices de substances psychoactives de vivre plus âgées. Nous serons également confrontés avec des débuts ou aggravation de consommation de substances à un âge plus avancé dans le contexte d’évènements de vie comme par exemple la fin de la vie professionnelle, le départ des enfants, la maladie ou la diminution des capacités physiques ou psychiques.

 

Dans ce contexte, nous voyons et verrons de plus en plus apparaître des problématiques habituelles liées à l’avancement de l’âge, comme les maladies cardiovasculaires et les troubles cognitifs, mais souvent inédites pour les utilisateurs de substances de longue date. De plus, en raison des complications liées à plusieurs années de consommation de substances et souvent à différentes comorbidités psychiatriques et difficultés sociales, il existe une certaine vulnérabilité de ces personnes envers l’avancement de l’âge, entraînant notamment un âge corporel semblant plus avancé que l’âge réel.

 

De manière générale, la poursuite de la consommation de substances à un âge avancé met à risque de ressentir de manière plus importante l’effet de ces substances (et de leurs complications), en raison de la diminution de la masse musculaire et de la masse hydrique totale provoquant une augmentation plus rapide et plus durable de la concentration de ces substances dans le sang.

 

Dans ce contexte, il sera de plus en plus important d’identifier les problématiques liées à l’âge envers celles spécifiques à la consommation de substances, et notamment de rester attentifs aux changements de l’état de conscience, aux troubles cognitifs, aux chutes et à la malnutrition. De plus, il sera nécessaire d’encore plus anticiper la nécessité d’aide au domicile ou de nécessité de lieu de vie adapté bien que, au vu de la relative nouveauté de la situation, il semble encore exister peu de lieux de vie adaptés aux personnes consommatrices de substances en cas de perte d’autonomie.

 

Ainsi, dans l’objectif de limiter les dommages dus à la consommation, d’assurer la meilleure qualité de vie possible et de préserver l’autonomie et la dignité des personnes âgées utilisatrices de substances psychoactives, il semble indispensable de préserver l’intégration des soins physiques, psychiatriques et sociaux au sein de la Fondation Phénix. Il existera sans doute de plus en plus de nécessité de visites au domicile ou dans les autres lieux de vie. Enfin, il sera sans doute de plus en plus nécessaire de collaborer directement avec les équipes soignantes des foyers et EMS en les préparant à recevoir les personnes dépendantes et en étant à leur disposition pour des conseils et suivis.

 

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